Iconologie - doré à la feuille

Le petit matériel de dorure tient dans une caisse de vin en bois. Les feuilles d’or sont calées entre des pages de calque dans un petit carnet, les pinceaux sont bien rangés, têtes en haut. Chacun dans une pochette, des pinceaux en forme de peignes aux longs poils doux et fins sont rangés aussi, attendant de caresser la dorure une fois posée. Unique est le destin de ces outils, celui d’être rangés dans cette boite, en attendant d’être utilisés à la seule fin de caresser le matériaux le plus noble qui soit. L’or tout droit sorti du laminoir. Je dore un crâne de sanglier. Je l’ai enduit de mixtion, mélange de gomme arabique et de vernis colle, l’odeur dégagée est fabuleuse, à la fois boisée et ambrée, profonde et marquée. La feuille d’or est posée sur une peau de veau, au velouté onctueux incomparable. Le simple de fait de respirer au dessus d’elle la fait par moment bouger. J’essaie de capter les effluves du vernis colle, sans que le flux d’air ne fasse décoller la feuille si fine et si légère. Ce n’est pas chose facile. La feuille d’or s’applique, délicatement (s’il est utile de le préciser), au pinceau. Il faut passer le pinceau sec sur son sourcil avant de le mettre au contact du métal précieux, pour le décharger de son électricité statique. Tout n’est plus que douceur et précaution. la feuille fait 1/7000ème de millimètre d’épaisseur. Si elle entre en contact avec autre chose que le pinceau ou la surface sur laquelle la mixtion l’attend, elle s’émiettera et disparaitra tout simplement. Mais le jeu en vaut la chandelle, le rendu est unique, à la fois brillant et mat, il capte la lumière et la renvoie avec une signature unique, celle de la noblesse par
excellence.

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